26.11.05

retour sur le passé - épisode 3

Nous arrivons à Juin 2005. Plus précisément, le 24 juin: soirée des Terminales de mon lycée. C'est l'électrochoc. La fumée, l'alcool, la chaleur... J'étais dans un état second. Vivi dont j'attendais et redoutais la venue... Nous étions alors dans une mauvaise passe. Que dire, que faire si je la vois? J'aurais des difficultées à raconter la soirée en détail, je me souviens de divers épisodes dans le désordre, mais elle n'a guère d'importance, c'est en moi que s'est fait l'électrochoc.
Quelques jours plus tard, j'écrivis à Vivi à propos de cette soirée:
"Lorsque je t'ai retrouvé, de vieux démons m'ont repris. Le conflit qui m'habite, la cause de mon mal être, a repris de plus belle. C'est pour ça que je me suis assise après, et que je suis partie. Je suis allé dans les toilettes me passer de l'eau et me fixer dans les yeux (ça m'arrive parfois) et n'étant pas en état de mener à bien une réflexion je suis rentrée chez moi. Les jours qui ont suivi j'ai compris contre quoi je luttais et que ce combat n'aurait pas de fin. Aussi mes problèmes sont-ils insolubles. Déjà réaliser cela soulage, je vais pouvoir arréter de cogiter vainement."
Lorsque je me suis fixé dans les yeux, dans le miroir, j'ai aperçu, furtivement, Carot. Il était là, au fond de moi, je ne pouvais m'en débarasser.
Les jours qui suivirent, on s'est apprivoisés. Après s'être affronté des années dans ce corps, on a décidé de régler la question ensemble, de cohabiter calmement. Je lui ai laissé la parole, et il a répondu à mon précédent poème. C'était le 1er juillet 2005, la veille de mes 18 ans.

Tes efforts furent vains pour me réduire au silence

Agitations inutiles qui n'ont fait que renforcer ma présence

Il faut que tu te fasses une raison car tu ne peux me tuer

Je n'en tire nulle satisfaction : j'aurais préféré ne pas exister

Entre nous, pas de vainqueurs. Le combat sera éternel

A cause de nous, que de douleurs pour cet être charnel

Il n'est qu'impuissance face à ces démons qui l'habitent

- Que nous sommes ! - et qui le tiraillent et l'agitent

Tu t'es proclamé l'esprit qui se conjugue avec ce corps

Comme si tu étais seul ici ; qu'en est-il de moi alors ?

Bien sûr, j'en suis conscient, il ne me va pas. Difficile avec lui

De s'accorder. Mais c'est mon domaine et partir, je ne le puis.

Il faudra bien qu'avec nous deux, nous tous il compose

Un personnage qui nous ressemble. Impossible ! Tout nous oppose

Ses opinions, ses orientations, ses choix sont sujets à tourments

Nos débats interminables sur tout ce qui est important

- Quoique parfois nous tiraillons aussi pour ce qui n'est qu'accessoire

Et ce serait drôle si cela semblait moins une bataille, plus une foire –

Bien que son cœur nous ait mis d'accord sur la personne

Lorsqu'il s'agit de gérer sentiments et relation les canons résonnent

Tu réalises qu'en fait, j'ai toujours été à tes côtés

Mais aujourd'hui je t'inquiète en dévoilant mon identité

Il est temps pour moi que j'intervienne dans le contrôle

De ce corps, de cet être. Tu ne pourras me mettre en geôle

Je ne me laisserais enfermer. Me censurer te sera dur

Je le sais, je nous conduis dans une impasse... ... où est le mur ?


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