Quelques jours plus tard, j'écrivis à Vivi à propos de cette soirée:
"Lorsque je t'ai retrouvé, de vieux démons m'ont repris. Le conflit qui m'habite, la cause de mon mal être, a repris de plus belle. C'est pour ça que je me suis assise après, et que je suis partie. Je suis allé dans les toilettes me passer de l'eau et me fixer dans les yeux (ça m'arrive parfois) et n'étant pas en état de mener à bien une réflexion je suis rentrée chez moi. Les jours qui ont suivi j'ai compris contre quoi je luttais et que ce combat n'aurait pas de fin. Aussi mes problèmes sont-ils insolubles. Déjà réaliser cela soulage, je vais pouvoir arréter de cogiter vainement."
Lorsque je me suis fixé dans les yeux, dans le miroir, j'ai aperçu, furtivement, Carot. Il était là, au fond de moi, je ne pouvais m'en débarasser.
Les jours qui suivirent, on s'est apprivoisés. Après s'être affronté des années dans ce corps, on a décidé de régler la question ensemble, de cohabiter calmement. Je lui ai laissé la parole, et il a répondu à mon précédent poème. C'était le 1er juillet 2005, la veille de mes 18 ans.
Tes efforts furent vains pour me réduire au silence
Agitations inutiles qui n'ont fait que renforcer ma présence
Il faut que tu te fasses une raison car tu ne peux me tuer
Je n'en tire nulle satisfaction : j'aurais préféré ne pas exister
Entre nous, pas de vainqueurs. Le combat sera éternel
A cause de nous, que de douleurs pour cet être charnel
Il n'est qu'impuissance face à ces démons qui l'habitent
- Que nous sommes ! - et qui le tiraillent et l'agitent
Tu t'es proclamé l'esprit qui se conjugue avec ce corps
Comme si tu étais seul ici ; qu'en est-il de moi alors ?
Bien sûr, j'en suis conscient, il ne me va pas. Difficile avec lui
De s'accorder. Mais c'est mon domaine et partir, je ne le puis.
Il faudra bien qu'avec nous deux, nous tous il compose
Un personnage qui nous ressemble. Impossible ! Tout nous oppose
Ses opinions, ses orientations, ses choix sont sujets à tourments
Nos débats interminables sur tout ce qui est important
- Quoique parfois nous tiraillons aussi pour ce qui n'est qu'accessoire
Et ce serait drôle si cela semblait moins une bataille, plus une foire –
Bien que son cœur nous ait mis d'accord sur la personne
Lorsqu'il s'agit de gérer sentiments et relation les canons résonnent
Tu réalises qu'en fait, j'ai toujours été à tes côtés
Mais aujourd'hui je t'inquiète en dévoilant mon identité
Il est temps pour moi que j'intervienne dans le contrôle
De ce corps, de cet être. Tu ne pourras me mettre en geôle
Je ne me laisserais enfermer. Me censurer te sera dur
Je le sais, je nous conduis dans une impasse... ... où est le mur ?
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