30.11.05

"Regarde moi, Maman"

Hier, ma mère a vu l'ordonnance de l'endocrinologue pour la mammographie et m'a posé quelques questions que j'ai esquivées. Aujourd'hui au téléphone elle m'en a reparlé; elle s'est imaginé que, puisque je suis trop jeune pour redouter un cancer du sein, je devais envisager une réduction mammaire. "Il faut qu'on en cause, tu peux pas faire tout ça sans nous en parler, surtout qu'évidemment c'est pas toi qui va payer, et c'est une opération importante qui va dans les 6000€!"... J'ai abrégé son monologue en lui promettant une discussion sur le sujet.
Depuis, je suis dans un état de tension épuisant, à tel point que cela m'a vidé de mes forces physiques et je suis incapable de me concentrer sur autre chose. En escalade je n'ai pas pu faire plus d'une voie et j'ai eu du mal à assurer ma partenaire en tête.
Déjà l'incertitude quant à leur réaction, et l'angoisse qui en résulte, ainsi que le mensonge me devenaient insoutenables. Autant j'ai pu mentir à mes parents pour des broutilles ("Non je ne sors pas samedi soir" alors que je passe ma soirée dans un bar), autant lorsqu'il s'agit de ce que je suis et non pas ce que je fait, même le mensonge par omission me dérange. J'ai fait mon coming-out homosexuel relativement tôt, alors qu'il n'était nullement nécessaire. Or dans le cas de la transsexualité, le coming-out "n'est pas une option" (où ai-je lu cela?). Ce n'est qu'une question de temps.
L'idée de départ était d'attendre janvier pour l'annoncer à mes parents, sur une volonté de ma soeur et dans l'optique de ne pas gâcher le voyage au Vietnam (20 Décembre - début janvier) avec mon histoire. Elle persiste en me conseillant de conforter ma mère dans ce qu'elle s'est imaginé, m'inventant des problèmes de dos pour justifier la réduction mammaire. Je doute de pouvoir soutenir à ma mère, les yeux dans les yeux, un tel mensonge et redoute de compliquer mon coming-out.
Je ne sais ce que je vais faire ou raconter, mais je rêve qu'à l'instant même ma mère franchisse le seuil de ma chambre, entre même sans frapper, et qu'on en finisse maintenant... Juste pour m'endormir apaisé ce soir, libéré de la perspective d'une conversation avec à la clé un énorme mensonge ou une affreuse vérité...

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