5.1.06

D Day


Ce soir fut le grand soir: j'ai fait mon coming out à mes parents. À la fin du JT, mon père voyant mon attente me dit: "toi t'as quelque chose à demander!" Je répond par la négative, "non c'est juste un truc à vous dire" et j'ai coupé le son de la télé. Là, je me rends compte que je n'ai rien préparé. Alors je commence sur le Vietnam:
" - vous vous êtes rendu compte que là bas les gens m'ont pris un garçon... c'est normal, c'est l'apparence que je veux avoir... c'est ce que je suis... et j'envisage un parcours de..euh... changement de sexe et...
- Je te le dis tout de suite: c'est non". C'est mon père qui parle.
"- Je ne demande pas votre accord, la décision me revient...
- alors qu'est-ce que tu veux?
- Vous êtes mes parents, vous êtes concernés; je voudrais que vous y réflechissiez, que vous essayez de comprendre"... Là tout s'embraye. Mon père s'allume une cigarette et parle de limite à me mettre pour la première fois de sa vie, de ma chance de pouvoir être déjà lesbienne à notre époque et d'avoir des parents qui l'acceptent, il compare la conviction d'être trans à une conviction politique et pense que tout les transsexuels regrettent... ma mère partage cette idée, me reproche d'avoir attendu le retour du Vietnam pour le dire mais pas pour me couper les cheveux car elle aurait voulu avoir sa fille à son anniversaire...
Et puis elle se met à parler de tout autre chose... des mots enchevétrés qui n'ont pas de sens, des phrases sans sujets,un discours sans message... Mon père qui lui demande d'arreter de tourner autour du pot. Alors elle "accouche": "eh bien, ce qu'il y a, c'est que j'attendais le mariage de ton fils pour te quitter! Je peux plus te supporter, c'est fini." Elle s'allume une cigarette. Je n'en crois pas mes oreilles, chancelle. Est-ce bien la même conversation? Je m'en grille une, moi aussi, et écoute confusément leur échange duquel je ne fais plus partie.
J'ai posé une dynamite, mais ma mère a craché sur la mèche pour balancer sa bombe.
Plus tard, mon père est venu dans chambre, me dit qu'on en reparlera demain, ou dimanche. "mais vous allez toujours à la campagne, demain?" Il répond par l'affirmative, ajoutant que cela pourrait être la dernière fois, et m'embrasse sur le front.
22h30, ma mère débarque elle aussi. Elle éructe pour me faire remarquer que mon père ronfle alors qu'elle va lire mon blog imprimé, pour me dire qu'elle m'en voudra éternellement pour en avoir parlé à sa soeur plutôt qu'à elle.
Fin de l'épisode.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Quand un "non dit" est dit... les autres éclatent aussi.
J'ai remarqué ca aussi lors de mon coming out.
Un rêglement ?... Les frères qui balancent, le père, la mère... les cartes sont sur la tables. Une façon de tourner une page et dire "ouf c'est sortie".
Finalement beaucoup en profite de notre coming out comme "excuse" pour eux aussi sortir des choses... voir même nous faire culpabiliser car eux sont trop laches pour assumer que EUX peuvent "faire mal". C'est toujours mieux quand la faute revient à quelqu'un d'autre...

Je suis fier de toi, tu as parlé, parce que TU éprouvais cette envie. Bonne route pour la suite.

Penses à toi, ton chemin, ta vie... Ne mets pas sur tes épaules les "problèmes" des autres. Chacun doit pouvoir les résoudre lui même.
Et puis tout les problèmes ne sont pas à mélanger et à régler en même temps.
Toi tu n'as pas de problème, tu as juste une route à tracer.

KISS

Anonyme a dit…

wow.
putain.

J'ai posé une dynamite, mais ma mère a craché sur la mèche pour balancer sa bombe.
Résumé très adéquate.

Comment est l'ambiance depuis? Comment tu te sens?


(Et au fait, ça m'étonnerait qu'ils y prêtent attention mais si jamais tu veux leur montrer des études sur la satisfaction et l'absence de regret de la quasi-totalité des transsexuels, je peux facilement te trouver ça.)

Anonyme a dit…

Hé bé ! En voilà un coming out ! J'éspére que le climat va se detendre un peu dans les jours à venir. Garde espoir !