5.7.06

Fuck

Si j'avais eu le temps de poster hier, j'aurais raconté que j'étais privé de mon activité favorite, me plaindre, parce que tout allait bien dans le meilleur des mondes, tout allait mieux que je n'osais l'espérer...

Samedi soir, la France a gagné contre le Brésil. Des milliers de personnes étaient réunies sur les champs pour célébrer l'évènement et, non loin de là, mes amis et moi fêtions mon anniversaire et ma victoire personnelle, la testo qui coule dans mes veines...
"Un discours, un discours!" J'ai abrégé en disant "Je vous aime!", et je voulais dire par là: "Je vous remercie tous d'être là, d'être encore là pour les anciens car j'avais peur de perdre quelques uns d'entre vous en route. Je vous remercie d'avoir gardé pour Carot/Eric l'amitié que vous aviez pour Caroline. Pour ceux que j'ai rencontré cette année, qui ne m'ont connus qu'ainsi, si vous êtes là c'est que je suis heureux de vous connaitre, et de partager tout cela avec vous !"

Vous vous rappelez, j'ai écrit que j'appréhendais le moment où je devrais annoncer ma transsexualité à l'école à laquelle je suis inscrit pour l'année prochaine... Je n'ai finalement pas attendu septembre. J'ai eu la pré rentrée il y a deux semaines, et entre l'appel nom-prénom au tout début et l'annonce d'une journée d'intégration dans un centre nautique (apport du maillot de bain conseillé!), je me suis dit que cela ne devait pas attendre. J'ai demandé un entretien avec mon professeur principal, Mr P., qui m'a demandé de revenir après déjeuner. Ipod et clopes m'ont aidé à patienter, et à ne pas penser à ce que j'allais dire puisque lorsque je prépare mes discours cela foire toujours... Bref, je reviens et lui raconte grosso modo que j'allais changer de physionomie et de prénom au cours de l'année qui allait s'écouler, pour à terme, changer totalement d'identité et m'appeler Eric C., de sexe masculin. Là il se lève brusquement, et sors de la pièce, sans mot dire ! Deux minutes après, il revient avec le responsable pédagogique, à qui je réitère mon histoire. Je les sens tout deux très embarassés. Ce que je demande au juste? Savoir dans quelle mesure il était possible de faire mes études dans cet établissement en tant qu'Eric... "Je ne sais que vous répondre. Prenez rendez-vous avec notre assistante sociale. En tout cas, vous avez beaucoup de courage..." Dans cette dernière phrase, j'entends "on va essayer de vous aider dans la mesure du possible", et déjà je suis rassuré quant à leurs intentions et leur volonté de ne pas me créer plus de problèmes que j'en aurais déjà. Le lendemain, je prends rendez-vous et quelques jours après je reçois un message de Mr P. pour me rappeler de le faire ! Tiens, me dis-je, les informations ne passent pas très bien mais au moins ils pensent à moi!
Me voilà donc, lundi 3 au matin, dans le bureau de l'assistante sociale. Je raconte ma transition à venir, elle m'interroge sur mon passé, on discute un bout de temps, abordant la question du point de vue social, professionnel, administratif et psychologique.
En conclusion, je peux intégrer l'école en tant qu'Eric, je serais appelé ainsi par mes profs et l'administration, et sauf si je n'ai pas mon acte de notoriété à ce moment là, je passerais mes examens avec ce prénom...et d'ailleurs pour faciliter l'acte de notoriété que je vais demander dès la rentrée, elle va me faire un papier comme quoi j'existe en tant qu'Eric dans cet établissement ! J'étais soufflé. Tout ce que je désirais et même plus, acquis si simplement, avec le sourire et le soutien de l'assistante !
"Il faut être cohérent, vous serez dans le vestiaires des garçons!"... Euh... Ce sera une première pour moi. Pas sûr que je serais tout à fait à l'aise, m'enfin bon, pas de problème.

Hier, j'ai vu le voisin-médecin-connaissance de mes parents, j'avais été très réticent au départ pour prendre ce rendez-vous. J'étais las, j'en avais marre de me sentir évalué par des médecins en tout genre, j'étais énervé que mes parents aient besoin d'entendre un professionnel pour m'écouter, bref, j'y suis allé à reculons. L'entretien a duré 2h, et m'a fait beaucoup de bien. 2h où, en racontant mon histoire, j'en ai profité pour faire le point, où en répondant à ses questions je mettais de l'ordre dans mes idées. Il m'a raconté les cas qu'il connaissait où la transition s'est mal passée tout en excluant un rapport avec moi, a admis que je n'aurais pas ma place en équipe officiel, m'a trouvé sensé et refléchi. Son seul conseil, c'est qu'il me faudrait être suivi par un psychanalyste avec qui j'aborderais en profondeur toutes les facettes de ma transition, et le restant de ma vie également, en parallèle ou à la place de mon psychiatre; d'autant plus que j'ai exprimé le désir de faire une thérapie à un moment donné de ma vie.
Résumé: loin d'avoir perdu mon temps, cette rencontre et cet entretien pourrait m'être bénéfique.

Jusque là, tout va bien...


Et puis aujourd'hui... Je ne sais que penser, je ne sais à qui en parler. On dirait, en exagérant que très modérement, que ma transition est l'objet d'un chantage au suicide. Je ne peux m'expliquer, et puis je n'ai pas les idées assez claires et ordonnées pour en parler.

Fuck.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

salut Éric,

Je suis ravie pour toi que ca aille bien pour ta rentrée scolaire et que les gens t'aident. Enfin des gens avec un peu d'intelligence....ils sont pas tous cons! ;)

En ce qui concerne ton dernier paragraphe j'ai pas trop compris ce que tu as voulu dire....peut-être que lorsque tu seras ok tu pourras mieux l'expliquer...et si tu veux aussi.
Dans tous les cas je te dis bonne journée et prends soin de toi!
À bientôt !
Martine du Québec

Anonyme a dit…

Salut Eric !
Je suis très content pour toi que tu sois intégré en tant qu'éric dans ton école.Tu vas être bien entouré apparament et c'est très bien ainsi. Garde le cap !!!
A plus.
Chris

Anonyme a dit…

Coucou Eric !

je suis également contente de ce qui se passe bien pour toi. Pour le reste j'espère que ça ira.