
Reveil difficile ce matin ! Ou plutôt cet après-midi...
Retour sur le jeudi 8: j'étais passablement stressé à l'approche du rendez-vous avec l'endocrino... Je me suis imaginé tous les scénarios dans lesquels elle ne m'accorderait pas le traitement ce jour là, des plus plausibles aux plus improbables ! Heureusement, Vivi était là pour m'apaiser (un peu!). Je me suis fait des films, bien sûr, puisque je suis sorti du cabinet avec la fameuse ordonnance !
Après avoir discuté de l'échec du traitement Orgamétril, de mes relations avec mes parents, de mon psy, l'endocrino m'a expliqué son protocole: on commence doucement avec 1/4 d'ampoule d'Androtardyl toutes les 2 semaines par injection intramusculaire, et ce pendant 3 mois, puis on augmentera.
Après ce rendez-vous, je suis retourné au restaurant. J'ai terminé ma journée à 23h, ai raccompagné ma collègue jusqu'à Saint Lazare, puis le métro s'est fait attendre 30min... Je n'ai pas pu avoir mon changement, donc j'ai effectué une partie du trajet à pieds, à 1h du matin (de Michel-Ange-Auteuil à Boulogne-Jean-Jaurès pour ceux à qui cela signifie quelque chose !). Et pendant une grande partie de cette balade, je me suis passé en boucle la chanson qui m'a soufflé l'adresse de ce blog, lerevecommence : Yakamoneye.
" Mais bon, y a bien cette chose que j'ai en moi,
Tu ne peux pas la toucher, y a que moi qui la vois,
Vision virtuelle venant, des vent les plus lointains,
Je suis vivant et en rêvant je vois la vie comme elle vient.
Le rêve commence ... Le rêve commence ...
Le rêve commence ... Le rêve commence ...
Le rêve commence, je m'en vais vite et bien
Pas de volant : les virages négocient bien
Bien voilà que maintenant, un voilier me prend !
Et c'est toutes voiles dans le vent que je voyage a présent !
(...)
Je rêve ... Je rêve ... Oh oui, je rêve, je fais que ça,
mon frère, tu voies.
Je rêve ... Je rêve ... Je rêve ... Je rêve ...
Je rêve ... Je rêve ... Je rêve ... Emmène nous avec toi !
Je rêve, oh oui mon frère, ça vaut tous mes mois de salaire,
Ma couette c'est le repère où je mène une vie pépère.
J' libère le monde amère, et même si je reste fier,
J'aurais du mal à refaire tout ce qu'il va de travers,
Alors j'traverse les océans, pour trouver ce monde d'enfants,
Fonçant comme un dément vers ces gens plus cléments,
J'y reste quelques temps, tant que je peux y rester,
Et quand le réveil sonne j'ai l'énergie pour lutter."
Et je chantais à tue-tête, et je remuais vaguement au rythme de ce son reggae (certains appellement ca danser) au milieu de la route ... Une fois rentré chez moi, je me suis écroulé pour ne me reveiller qu'à l'heure où j'aurais déjà dû être en cuisine !
M'en fiche, me dis-je, ce jour est spécial et rien, aucune engueulade, aucune remarque du chef ne pourra la gâcher ! J'vais m'faire piquer ! Tiens je vais mettre un underworks tout neuf pour l'occasion ! Je me dépeche pour filer à la salle de bain et alors que je me coiffe ma mère toc à la porte. Elle me raconte qu'il y a une semaine, un voisin qu'elle a croisé lui a demandé : "Que deviens votre fille? Vous l'avez mise en pension? On ne la voit plus depuis quelques temps !" Je souris. Elle lui a répondu, cash "ben non, elle est toujours là, c'est juste que maintenant elle devient un garçon, elle est transsexuelle "(sic); là j'ai ris! Parce que je l'imaginais bien déballé ça comme ca au voisin du dessus (ou du dessous, j'ai oublié) et lui qui devait faire une drôle de tête... Coincidence extraordinaire, ce mec est médecin et a suivi des trans pendant 20 ans... qu'il a dit... Bref, et en 20 ans, il y a eu 3 cas où en fait, le problème était ailleurs. À ce que j'ai compris, pour 2 d'entre eux la transition était à peine entamée mais pour le dernier, on n'a pas pu le rétablir "comme avant". Voilà, il a réussit à inquiéter ma mère plus qu'elle ne l'était déjà avec cette histoire ! C'est vrai, il y a des gens qui se sont crus transsexuels et qui se sont trompés (c'est pourquoi je suis contre la totale dépsychiatrisation des trans'), j'affirme, je sais que je n'en fais pas parti, mais eux ne disaient-ils pas la même chose ? Je ne doute pas de moi, seulement de la crédibilité de mes affirmations. Mais je m'égare !
La journée de travail est passée plutôt vite (en même temps j'ai commencé à 10h...), mais à ma pause j'ai dû prendre mon mal en patience pour attendre l'ouverture du cabinet d'infirmière (17h). "J'y vais, j'y vais pas? Pas maintenant, sois pas ridicule, tu va pas arriver une demi heure avant l'ouverture ! Maintenant? Patience, bon sang ! Occupe toi! Bon allez c'est parti ! Mais j'ai peur de la piqûreuh!"... Finalement il y avait déjà quelqu'un avant moi dans la salle d'attente ! J'ai pris un magazine, et me suis plongé dans un passionnant article (l'acte amoureux pendant les règles) de Elle. "C'est à vous?" Ah zut, j'ai pas fini de lire... L'infirmière trop gentille, prévenante, a su me mettre à l'aise. "Voilàààà..." "Ca y est?" "Vous voyez que ce n'était rien!" Même pas mal !
J'ai rejoins Vivi avec qui j'ai passé le reste de ma pause (avec quelques minutes bonus:o)), puis retour en cuisine. Quelques brochettes de moules, quenelles de concassé de tomates, pains et mignardises plus tard, 23h, je rentre sur Boulogne. Après avoir été cherché ma bouteille de champ', et écrit un très bref message sur ce blog, j'ai rejoins des amis (dans l'ordre d'apparition, Eugénie, Loulou, Tonce, Alex et Rico) pour déboucher la bouteille et fêter ma renaissance ! On a trinqué à Eric, à un petit garçon qui va devenir petit homme...
J'ai rejoins mon lit vers les 4h du matin, fatigué mais ravi, soulagé d'avoir franchi cette étape et d'avoir eu la 1ère injection d'une longue série, et heureux d'avoir des amis qui comprennent ce que cela représente pour moi et qui partagent ma joie !