24.2.08

Freedom

Je n'avais pas porté de t-shirt à même la peau depuis 8 ans ! Soutif puis underworks m'ont serré et compressé toutes ces années... Lundi dernier, j'en avais enfin terminé avec le binder.

C'était President's Day içi, jour férié et venteux où nous sommes allé visiter Mont Vermont, demeure de Georges Washington. Sentir le coton dans mon dos, et non pas un tissu râpeux comme celui du binder, était déjà une joie en soi... Puis les coups de vent qui s'engouffrèrent  dans mon t-shirt et qui se firent ressentir sur chaque parcelle de mon épiderme ont réveillés dans ma tête Aretha Franklin qui chanta "Freedom ! Freeeedom !" tout le reste de l'après-midi !

Ensuite, on s'habitue. On s'habitue très vite au confort. S'habiller sans y penser, et non pas en vérifiant que cette chemise ou ce t-shirt tombe bien, et ne laisse pratiquement rien paraître. Sortir de la salle de bain torse nu. Respirer à pleins poumons... 

Et pour mieux en profiter, j'ai même recommencé à fumer ! Sans commentaires.

14.2.08

   Lundi, ce fut mon dernier rendez-vous avec Brownstein pour enlever les points de sutures. C'était assez désagréable. De même lorsqu'il expliqua que je pouvais toucher sans problème mes tétons et montra l'exemple. 
   Je dois garder le binder encore une semaine mais peut (et doit) l'enlever pour passer du baume cicatrisant sur les greffes et changer les compresses qui les protègent. Les cicatrices sont couvertes de scotch que je ne devrais enlever que dans une semaine, sauf si ma peau s'irrite ou que du liquide s'échappe. Je ne dois pas les mouiller et donc ne peux me laver au niveau du torse ; d'ailleurs, j'ai toujours une trace des dessins à la Nip Tuck fait avant l'opération...
   Je ne dois rien porter de lourd (+ de 8kg) et ne devrais pas faire de mouvements brusques avec mes bras ni les lever. Mais ce n'est pas comme si je ne pouvais pas le faire ! Là est tout le problème, je réalise après (avec les tiraillements au niveau des cicatrices) le mouvement qu'il était exagéré et à éviter... Mais il y a des réflexes: m'étirer le matin, relancer la balle à mon neveu qui me l'envoie, aider à porter des sacs,etc.

   À part ça... Je suis assez content. Même pas mal heureux. À chaque fois que je retire mon binder pour mes soins, je reste un bon moment à me contempler, me détailler,  voir même... m'admirer. Mais... de la même manière que je peux rester bloqué devant la glace parce que j'aime ma coupe de cheveux. Sans étonnement, sans béatitude. À la minute où j'ai enlevé pour la première fois mon binder, j'avais déjà oublié l'image que le miroir me renvoyait deux semaines auparavant. Je me suis toujours adapté très vite aux nouveautés. 

10.2.08

Vendredi 8, Brownstein m'a retiré les drains.
J'étais assez tendu en arrivant à ce rendez-vous.
Il a enlevé le binder, les cotons, les compresses, toute cette masse qui m'étouffait, m'a prévenu que ça risquait de "Ouch" au moment d'enlever les tuyaux, c'était plutôt un petit "aïe".
Me voyant tenter désespérément d'apercevoir mon torse, il me tendit un miroir...
Un sourire éclaira mon visage, et, par ricochet, se posa sur le sien. 
Il posa simplement des nouvelles compresses sur les sutures, referma le binder qui désormais ne me serre plus et, surtout, est plat. 




7.2.08

Drains

 J'ai parcouru la moitié de la ville en long, en large et en travers... Lentement mais sûrement. Trèèès lentement même, je n'ai jamais autant mérité mon surnom de tortue ! Disons que mon harnachement entrave quelque peu ma démarche naturelle. 
 Mes drains ne sont pas vraiment douloureux mais à chaque fois que je fais un mouvement brusque qui fait "vibrer" mon corps, je sens un tiraillement au niveau des implantations. Tout aussi désagréable, je ne peux profiter d'un bon repas car alors mon binder me sert vraiment (il n'est pas du tout extensible, comme un plâtre) et je lutte pour chaque bâillement ou même chaque forte respiration !
 Autre inconvénient, il faut non seulement que je vide régulièrement les drains mais aussi que je mesure et note les quantités de liquide en différenciant la poche droite de celle de gauche... Sauf que je ne différencie pas ma droite et ma gauche x_x. J'ai bien quelques petits "trucs" pour me souvenir, mais mal réveillé au milieu de la nuit, il m'est arrivé de me tromper. J'espère que cela ne va pas trop fausser les résultats ! 
 Finissons de se plaindre avec cette dernière anecdote: je ne peux m'habiller tout seul. Caleçon, pantalon, chaussure, ça va (encore heureux), mais je dois requérir l'aide de ma soeur pour mettre et enlever chemise et manteau... Et comme aujourd'hui mon programme était différent de Mum&Sister, je suis rentré à l'hôtel bien avant elles et, fatigué, me suis glissé dans mes draps avec mon blouson alors qu'idéalement, je me serais mis torse nu. 

Vivement Vendredi. 
Pour terminer sur la journée de lundi, Brownstein a bien entendu appelé dans la soirée pour vérifier si tout allait bien. Et le lendemain matin, c'est Kathy, sa secrétaire, qui a demandé de mes nouvelles. Deux heures plus tard, c'est au tour de la  jolie infirmière de la clinique, Grace (que j'ai oublié de mentionner précédemment mais c'est principalement elle qui s'est occupé de moi avant et après l'opération), d'appeler ! 
Certains trouvent que le système américain de laisser les gens sortir quelques heures à peine après leur interventions relève de la quasi-inconscience, mais ces trois appels sont la preuve que l'on est pas lâché dans la nature sans assistance. Et je trouve qu'ils démontrent plus d'attentions que j'en ai reçu lors de ma nuit à l'hôpital suite à ma précédente opération avec anesthésie générale, en France; cette nuit là, j'aurais pu crever avant de voir l'ombre de quelqu'un ou quelque chose de disponible pour répondre à mes questions... Et surtout, durant deux jours et deux nuits, je me suis emmerdé comme un rat mort et je prenais leurs assommants cachetons contre la douleur dans le seul espoir de voir le temps s'écouler plus vite. Alors qu'en ce moment, je profite, tout simplement. 

5.2.08

February 4th


 Nous nous sommes rendus à pied à la clinique et avons surestimé le parcours: à 6h15, nous étions sur place. En dépit des horaires affichés sur le panneau, on nous a ouvert à 6h20 ! 6h30, je remplis quelques paperasses et je suis emmené dans un vestiaire-toilettes pour me changer (les photos arriveront dans une semaine, elles sont sur l'appareil de ma soeur !).
Prise de sang, intraveineuse. B. arrive enfin et me trace des traits et pointillés sur mes excroissances mammaires. Puis vient l'anesthésiste, from Hong-Kong, tentant de blaguer en franco-spanglish... Tout le personnel était très attentionné et surtout, répondaient sans se démonter "he" lorsque ma soeur disait "she" !
Les infirmières me demandaient sans cesse si j'étais "stressed" ou "nervous"  et je répondais invariablement "tired" ! En effet, j'avais lu à la lumière de la cheminée jusqu'à très tard dans la nuit, ma mère m'a reveillé vers 5h... Une fois sur la table d'opération, je me suis endormi  avant même que l'anesthésiste ne pose le masque à oxygène sur mon visage ! 
Et comme souvent, je pensais avoir simplement cligné des yeux lorsque je me suis réveillé. Deux heures et demi étaient passées. Il parait que l'infirmière a tenté de me sortir de mon sommeil plus tôt en me disant que ma mère et ma soeur était là et j'ai marmonné quelque chose comme "j'm'en fous j'veux dormir" et suis aussitôt reparti au pays des songes !

Puis j'ai vraiment dû ouvrir les yeux, et là j'ai vu et senti le binder... Qui est plus volumineux que feu ma poitrine ! Les drains pendouillaient; cela ressemble à des grenades en plastique. Ils se remplissent de sang ou de pus au fur et à mesure, il faut donc les vider régulièrement. L'infirmière expliqua comment procéder à ma soeur, disant que je serais forcément trop patraque la première fois.

 

 Je ne vous épargnerez rien, aucune vision d'horreur ou de mauvais goût (le jogging... affreux) donc me voici dans la salle de bain avec mon binder et mes drains que j'ai quand même vidé pour ceux qui ne raffolent pas de la vue du sang !
Bref, à 11h et des poussières j'étais de retour à l'hôtel. 5 minutes après j'étais endormi sur le fauteuil (je n'avais pas le droit de m'allonger mais ceux qui me connaissent savent que je dors dans toutes les positions !) pour finir ma nuit.

Réveillé à 15h, grosse envie de sushi ! C'est toujours bon signe lorsque j'ai faim :p Ma soeur m'accompagne ma salle de bain mais je vide mes drains tout seul comme un grand ! Après le plateau de sushis et sashimis, je prend un cachet anti-douleurs pour la forme... Mais à part me sentir un peu à l'étroit dans le binder, je n'ai mal nul part.


 À chaque fois que ma soeur évoque un coin, un monument à visiter, ma mère grogne "mais attend, elle (sic) vient de sortir de son opération, arrête de programmer des plans sur la comète, elle (re-sic) est fatigué..." etc. et je réponds "Maman je suis là et tu vois bien que cela fait trois heures que je tourne en rond en cherchant une occupation, je suis tout sauf fatigué et mal en point, donc si tu paniques reste à l'hôtel mais moi je veux sortir !"


Demain, Alcatraz au programme !



Comment je me sens ? Physiquement bien, et sinon content que l'opération soit derrière moi, mais je ne réalise toujours pas ! Pour l'instant rien n'a changé, je suis toujours comprimé dans un binder qui fait bien moins "plat" que mes tshirts compresseurs...Me voilà encore en train de patienter... Attendre que mon binder soit retiré pour des bandages plus léger et que je puisse apercevoir le résultat... 

4.2.08

Brouillon**

(Ma mère, dans l'après-midi: "au fait, en parlant de... -rien à voir-... là, demain, tu les auras plus [tes seins]... alors, on pourrait pas les voir?" "Mais ça va pas !" "Pour leur dire aurevoir..." "NON !" Elle ne veut pas non plus faire une cérémonie, les récupérer et leur faire une sépulture décente ? Souvent, elle a des idées bizarres...)
Je me rends à la clinique dans 8h !
 Là maintenant tout de suite, ce que j'attends avec le plus d'impatience,  c'est de me débarrasser de ces foutus binders... Je ne voulais pas en parler avant, mais cela fait quelques mois qu'ils me procurent des douleurs aux côtes de moins en moins supportables et surtout, depuis quelques temps ces douleurs persistent même après l'avoir enlevé ! Alors cette opération sera vraiment une libération.
J'ai rencontré mon chirurgien, Brownstein, vendredi. Nous (mère, soeur et moi) avons été très mal accueilli par un chien hargneux... Heureusement la très charmante infirmière Kathy est arrivée à notre secours ! Et nous a mené jusqu'au bureau, que vous pouvez apercevoir ci-dessous: un énorme fauteuil tout droit sorti d'un cartoon, un crayon à papier géant... 

 En bref, cet homme ne se prend pas au sérieux ! En France, je me méfierais d'un docteur avec un cabinet si peu conventionnel, mais içi... Puis Il est arrivé (mon sauveur ^^), et nous a tout de suite mis à l'aise. Sympathique, rassurant... J'aurais voulu aller illico en salle d'op !



 J'ai dû attendre encore un week-end mais il est passé très, très vite... Oackland, dégustations de vins californiens dans la Napa Valley, restaurants, la baie de San Francisco, Chinatown... 



 Et voilà, dans 8h.. Non, 10h, le temps de remplir quelques paperasses, d'avoir les dernières explications, que B. me fassent des dessins à la Nip Tuck,... Je serais sur le billard.