24.1.08

Tu stresses ?

J'ai l'air stressé? Dites moi. Parce qu'en ce moment, tout le monde me pose cette question.
Alors forcément, j'y pense, y repense, ressasse, m'impatiente, appréhende... Je me suis déjà fait opérer et suis allé à l'hôpital comme on irait à l'hôtel; je n'ai compris ma douleur qu'au réveil ! Alors maintenant je me prépare mentalement. Et aussi, surtout, je pense à l'après, ce qui va changer, les petits détails du quotidien, mon regard sur moi-même, mon intimité avec ma copine qui sera à réinventer ! Ou pas. J'ai beaucoup de mal à m'imaginer... torse nu sur une plage, par exemple. Bref, je ne stresse pas, je réfléchi !
Mais je réfléchi dans l'absolu; j'ai du mal à réaliser que dans 11 jours, je serais sur le billard. Quelque part, je n'y crois pas. On verra quand ce sera fait, mais ne vendons pas la glande mammaire avant de l'avoir retiré (qui veut des seins?...).

5.1.08

Je suis malade depuis le Réveillon.

Je ne peux pas sortir longtemps dehors sinon je reprends froid.

Je tourne en rond dans mon studio.

Je passe des heures, des journées sur msn et facebook.

J’attends…

 

J-30 avant ma mastectomie à San Francisco.

Les derniers papiers à envoyer sont dans l’enveloppe.

Les billets d’avion sont dans le tiroir, à côté du passeport.

Les hôtels réservés.

J’attends…

 

Dieu merci, la patience fait partie de mes qualités. En vérité, cela fait deux ans que j’attends, mais plus l’échéance se rapproche, plus je bouillonne intérieurement, plus je refuse d’attendre sagement, plus je veux accélerer le temps. Pour cela, Internet est le Dieu du temps perdu, je m’y plonge et des heures et des heures s’écoulent !

 

 

 

Sans transition, il y a quelques temps je disais qu’à mes 36 ans, je ferais une énorme fiesta : à cet âge, j’aurais passé autant d’années dans ma vie « homme » que dans ma vie « fille » ! Bien que je considère avoir été tout à fait neutre dans mon enfance, en dépit des robes dont j’ai été affublé, durant 18 ans « on » m’a considéré comme une fille, mais à 37 ans, et toutes les années derrières, j’aurais vécu plus longtemps en tant qu’homme.

Les méandres obscur de mon cerveau m’ont alors ramené à cette pensée déprimante émise par une transsexuelle qui disait, dans un soupir : « De toute façon, et quoi qu’il y ait d’écrit sur ma pierre tombale, si quelqu’un vient à examiner mes ossements, il verra un squelette d’homme ». Tant d’effort pour ça. Cela m’a, en premier lieu, déprimé pour elle. Si elle ne voyait en tout commencement que la fin, elle ne devait pas être drôle tous les jours. Quelques jours plus tard, regardant un épisode des experts, j’ai pensé à toutes ces enquêtes ou un trans’ victime décomposé donnerait du fil à retordre. Puis cette pensée est revenue, déprimante en elle-même.

Lorsque je me suis découvert trans’, j’ai cherché s’il y avait des explications à ce « phénomène », des recherches scientifiques achevées ou en cours, des hypothèses… Rien de concret, et n’aimant pas brasser du vide, j’ai abandonné. Les faits étaient là, pour moi et des milliers d’autres. Il y a tant de choses qui ne s’expliquent pas sur Terre, j’en fais partie, point.

Et puis cette phrase est revenue, me rappelant que mon squelette, que chacune de mes cellules racontent que je suis un élément femelle de la race humaine, et ça me met hors de moi de n’avoir aucune explication solide, rationnelle, scientifique à leur opposer. Alors je prends sur moi lorsque ma mère, un soir, finit par me demander, parce que bon, on approche de l’échéance, alors, ça ne changera rien mais la tranquillisera un peu, me demander de faire un test Adn pour savoir si, par hasard, je n’aurais pas une anomalie chromosomique.

Elle a beau accepter, elle a besoin d’une explication. Et je ne peux l’en blâmer, je voudrais bien en avoir une aussi. Parce qu’avant, dans mon esprit certes imaginatif et ouvert mais tout de même très cartésien, tout ce qui n’avait pas d’explication logique et scientifique relevait du problème psychologique, de la folie ou du bon Dieu. Le problème c’est que depuis quelque temps, ma foi est branlante, et je refuse de me croire dérangé (enfin, pas pour ça).

Pour en revenir à les 36 ans, je crois que je cherchais dans le nombre d’années, dans l’histoire la légitimité que me refusait la science. Comme si j’en avais besoin.

 



27 quintes de toux en écrivant ces lignes. Je m’en vais me soigner.

 

Ah au fait… Bonne année à tous ! Et tous mes vœux de bonheur !

 

Je rajoute une photo pour Elijah ;)


Karaoké le 30 Décembre 2007