24.6.06

Marche des fiertées LGBT 2006 en photos


Le drapeau trans'.

























(Pancarte que je portais autour du cou fournie par l'ASB. Il y avait aussi serveuse, ouvrier, ... Le but étant de rappeler que transsexuel n'est pas synonyme de prostitué.)


Pas de photos du char du Mag... Ni de moi d'ailleurs... alors à ceux que j'ai croisé à cette marche, si vous voulez m'envoyez des images, je les rajouterais!!

21.6.06

Adam et sa feuille de vigne

Grand merci pour toutes vos félicitations! Même si je pense qu'elles ne sont pas forcément méritées, je dois beaucoup à la chance pour en être arrivé là: d'habiter à côté Paris, donc j'ai galéré moins que d'autres pour trouver psy non transphobe et endocrino pour me suivre, d'avoir des parents qui ne m'ont pas (trop) mis de bâtons dans les roues, d'avoir des amis qui me soutiennent... Et puis ce n'est que le début d'un parcours qui promet d'être trèèès long (soupir)...

Les nouvelles de ma vie:
- Je suis admis en Prépa Culinaire et j'ai eu la semaine dernière un entretien dans le restaurant (enfin, s'ils me prennent!) où je ferais mon apprentissage. Bien entendu, je suis inscrit et me suis présenté en tant que Caroline. Que ce soit avec le chef ou avec le directeur des études, j'ai évité le plus possible de me qualifier afin que le masculin ne soit pas relevé ("vous voulez dire sérieuse?" "Si vous voulez...") mais en Septembre il faudra que je règle la situation... J'appréhende déjà le moment où je devrais expliquer que Caroline n'est que le prénom inscrit sur ma carte d'identité mais qu'en "vrai" moi c'est Eric, que durant l'année qui vient je vais changer, me transformer, et que même si à présent je ne passe pas parfaitement pour un garçon, au fil des mois le doute sera levé sur mon genre. J'ai l'impression que pour le moment tout s'est un peu trop bien passé (famille mise à part), et que je devrais forcément tomber sur un con qui ne veut pas comprendre un jour ou l'autre; à la fac je m'en foutais un peu de leur avis, je les ai prévenu histoire de ramener ma fraise, mais là il y a plus d'enjeux et il me faudra trouver les mots et le courage pour mettre toute les chances de mon côté.

- À propos de coming out qui se passe bien, j'ai longtemps hésité avant de révéler à ma collègue, une apprentie qui travaille avec moi, ma vraie nature, mais j'ai commencé à m'attacher un peu avec elle, à nouer une relation qui dépasse quelque peu le cadre de la cuisine, donc j'ai finalement décidé que je ne pouvais cacher ma situation plus longtemps ! Je me doutais que cela allait bien se passer, sans savoir à quel point. Elle a accepté mon histoire avec une facilité et une simplicité déconcertante... Le monde est en fait peuplé de gens géniaux, mais pourquoi faut-il qu'à côté il y ai des crétins arrogants racistes et homophobes (petit clin d'oeil à quelqu'un qui ne passera sans aucun doute jamais içi!) ?

- Pour la 1ère fois depuis presque 19 ans, j'ai décidé de fêter mon anniversaire... J'ai d'habitude horreur que l'on me le souhaite, et à fortiori faire quelque chose de spécial ce jour là, mais cette année il me faut célebrer également l'écriture d'une nouvelle page de ma vie, l'an 0 de ma vie d'homme (un bien grand mot pour qualifier un petit être comme moi...)!
Alors mes amis, le 1er juillet, c'est ©Cupizparty ;)

- Pour terminer sur un bémol, j'écris rarement mes états d'âmes içi, déjà parce que je ne peux toujours les exprimer, et puis car il y a des choses que je n'ai pas forcément envie de raconter au monde entier...
En ce moment je cherche à comprendre mon rapport au corps, je cherche le point de rupture qui a fait que je ne puisse plus l'assumer, que je passe de fille topless sur la plage à garçon complexé se baignant en t-shirt (la saison me force à réflechir sur ce sujet!)... C'est paradoxal de penser qu'à partir du moment où j'ai décidé de prendre possession de l'enveloppe charnel que j'habite, de la transformer pour qu'elle me ressemble, j'en ai soudain eu honte... Comme Adam et Eve qui se découvrent nus et n'osent alors plus se dévoiler ainsi alors qu'ils ont joyeusement gambadé dans le jardin d'Eden auparavant sans se poser de questions, ma propre révélation s'est accompagnée d'une prise de conscience qui m'empêche de vivre comme avant. Je ne peux dévoiler mon intimité (mon corps sans underworks) qu'à une personne (et ne me demandez pas pourquoi elle, je l'ignore) mais à part elle, je ne peux me mettre à nu devant des amis qui m'ont pourtant vu auparavant en petite tenue, qui savent bien ce que cachent ces vêtements... Qu'est-ce qui a changé: nos relations? l'importance que je donne à leurs regards?... Simplement moi...

10.6.06

"Pour moi la vie va commencer !"



Reveil difficile ce matin ! Ou plutôt cet après-midi...

Retour sur le jeudi 8: j'étais passablement stressé à l'approche du rendez-vous avec l'endocrino... Je me suis imaginé tous les scénarios dans lesquels elle ne m'accorderait pas le traitement ce jour là, des plus plausibles aux plus improbables ! Heureusement, Vivi était là pour m'apaiser (un peu!). Je me suis fait des films, bien sûr, puisque je suis sorti du cabinet avec la fameuse ordonnance !
Après avoir discuté de l'échec du traitement Orgamétril, de mes relations avec mes parents, de mon psy, l'endocrino m'a expliqué son protocole: on commence doucement avec 1/4 d'ampoule d'Androtardyl toutes les 2 semaines par injection intramusculaire, et ce pendant 3 mois, puis on augmentera.
Après ce rendez-vous, je suis retourné au restaurant. J'ai terminé ma journée à 23h, ai raccompagné ma collègue jusqu'à Saint Lazare, puis le métro s'est fait attendre 30min... Je n'ai pas pu avoir mon changement, donc j'ai effectué une partie du trajet à pieds, à 1h du matin (de Michel-Ange-Auteuil à Boulogne-Jean-Jaurès pour ceux à qui cela signifie quelque chose !). Et pendant une grande partie de cette balade, je me suis passé en boucle la chanson qui m'a soufflé l'adresse de ce blog, lerevecommence : Yakamoneye.
" Mais bon, y a bien cette chose que j'ai en moi,
Tu ne peux pas la toucher, y a que moi qui la vois,
Vision virtuelle venant, des vent les plus lointains,
Je suis vivant et en rêvant je vois la vie comme elle vient.

Le rêve commence ... Le rêve commence ...
Le rêve commence ... Le rêve commence ...
Le rêve commence, je m'en vais vite et bien
Pas de volant : les virages négocient bien
Bien voilà que maintenant, un voilier me prend !
Et c'est toutes voiles dans le vent que je voyage a présent !
(...)
Je rêve ... Je rêve ... Oh oui, je rêve, je fais que ça,
mon frère, tu voies.
Je rêve ... Je rêve ... Je rêve ... Je rêve ...
Je rêve ... Je rêve ... Je rêve ... Emmène nous avec toi !

Je rêve, oh oui mon frère, ça vaut tous mes mois de salaire,
Ma couette c'est le repère où je mène une vie pépère.
J' libère le monde amère, et même si je reste fier,
J'aurais du mal à refaire tout ce qu'il va de travers,
Alors j'traverse les océans, pour trouver ce monde d'enfants,
Fonçant comme un dément vers ces gens plus cléments,
J'y reste quelques temps, tant que je peux y rester,
Et quand le réveil sonne j'ai l'énergie pour lutter."

Et je chantais à tue-tête, et je remuais vaguement au rythme de ce son reggae (certains appellement ca danser) au milieu de la route ... Une fois rentré chez moi, je me suis écroulé pour ne me reveiller qu'à l'heure où j'aurais déjà dû être en cuisine !

M'en fiche, me dis-je, ce jour est spécial et rien, aucune engueulade, aucune remarque du chef ne pourra la gâcher ! J'vais m'faire piquer ! Tiens je vais mettre un underworks tout neuf pour l'occasion ! Je me dépeche pour filer à la salle de bain et alors que je me coiffe ma mère toc à la porte. Elle me raconte qu'il y a une semaine, un voisin qu'elle a croisé lui a demandé : "Que deviens votre fille? Vous l'avez mise en pension? On ne la voit plus depuis quelques temps !" Je souris. Elle lui a répondu, cash "ben non, elle est toujours là, c'est juste que maintenant elle devient un garçon, elle est transsexuelle "(sic); là j'ai ris! Parce que je l'imaginais bien déballé ça comme ca au voisin du dessus (ou du dessous, j'ai oublié) et lui qui devait faire une drôle de tête... Coincidence extraordinaire, ce mec est médecin et a suivi des trans pendant 20 ans... qu'il a dit... Bref, et en 20 ans, il y a eu 3 cas où en fait, le problème était ailleurs. À ce que j'ai compris, pour 2 d'entre eux la transition était à peine entamée mais pour le dernier, on n'a pas pu le rétablir "comme avant". Voilà, il a réussit à inquiéter ma mère plus qu'elle ne l'était déjà avec cette histoire ! C'est vrai, il y a des gens qui se sont crus transsexuels et qui se sont trompés (c'est pourquoi je suis contre la totale dépsychiatrisation des trans'), j'affirme, je sais que je n'en fais pas parti, mais eux ne disaient-ils pas la même chose ? Je ne doute pas de moi, seulement de la crédibilité de mes affirmations. Mais je m'égare !
La journée de travail est passée plutôt vite (en même temps j'ai commencé à 10h...), mais à ma pause j'ai dû prendre mon mal en patience pour attendre l'ouverture du cabinet d'infirmière (17h). "J'y vais, j'y vais pas? Pas maintenant, sois pas ridicule, tu va pas arriver une demi heure avant l'ouverture ! Maintenant? Patience, bon sang ! Occupe toi! Bon allez c'est parti ! Mais j'ai peur de la piqûreuh!"... Finalement il y avait déjà quelqu'un avant moi dans la salle d'attente ! J'ai pris un magazine, et me suis plongé dans un passionnant article (l'acte amoureux pendant les règles) de Elle. "C'est à vous?" Ah zut, j'ai pas fini de lire... L'infirmière trop gentille, prévenante, a su me mettre à l'aise. "Voilàààà..." "Ca y est?" "Vous voyez que ce n'était rien!" Même pas mal !
J'ai rejoins Vivi avec qui j'ai passé le reste de ma pause (avec quelques minutes bonus:o)), puis retour en cuisine. Quelques brochettes de moules, quenelles de concassé de tomates, pains et mignardises plus tard, 23h, je rentre sur Boulogne. Après avoir été cherché ma bouteille de champ', et écrit un très bref message sur ce blog, j'ai rejoins des amis (dans l'ordre d'apparition, Eugénie, Loulou, Tonce, Alex et Rico) pour déboucher la bouteille et fêter ma renaissance ! On a trinqué à Eric, à un petit garçon qui va devenir petit homme...
J'ai rejoins mon lit vers les 4h du matin, fatigué mais ravi, soulagé d'avoir franchi cette étape et d'avoir eu la 1ère injection d'une longue série, et heureux d'avoir des amis qui comprennent ce que cela représente pour moi et qui partagent ma joie !

9.6.06

Première injection de testo aujourd'hui à 17h20 !

Pas le temps d'écrire maintenant, je vais sabrer le champagne et fêter ça avec quelques amis :p

4.6.06

Un lien

La vidéo de Stef sur sa transition.
Cela fait un moment que je n'ai pas posté. Trop peu de temps pour aller sur internet et rien d'essentiel à raconter... Ma vie suit son petit cheminement: métro, boulot, dodo, et à côté sorties, amis, Vivi.
J'ai passé une bonne partie de mon temps libre à faire le nécessaire pour avoir mon ALD (prise en charge à 100% par la Sécurité Sociale des frais médicaux qu'occasionnent mon syndrôme), c'est-à-dire que j'ai galéré entre les visites à mon médecin généraliste et les visites à ma caisse Sécu pour expliquer mon cas, me faire enregistrer... L'ALD ne sera pas effective avant quelques semaines, donc en attendant je dois empiler les feuilles de remboursement.

Je reçois du mademoiselle autant que du jeune homme ou monsieur actuellement, je le prends avec une certaine indifférence à présent car je sais que la situation va s'arranger sous peu; prochain rendez-vous avec l'endocrino: 8 juin.
"Il" et "elle" alternent également dans la bouche de mes amis, et pour cela aussi j'essaye de me dire que ca ira mieux lorsque je passerais mieux, mais j'avoue prendre sur moi, parfois. Et je rectifie plus souvent.
"Elle" persiste en famille, et là je pense que l'amélioration viendra peut-être avec un bon coup de gueule, mais je m'abstiens. La situation dans laquelle je les mets me force à faire preuve d'indulgence.

8 juin. Je n'ai que cette perspective en tête.