21.2.06

Rendez-vous psy

Résumé du rendez-vous avec le Dr B. : rien à voir avec G.! cabinet accueillant, Dr jovial... Il fait même des blagues et de temps en temps s'amuse à placer l'anglais qu'il connait (ce qui reste assez limité...)! Pour vous donner un petit aperçu de son humour: il m'a demandé d'où venait mon nom de famille, du Jura ai-je répondu. "Votre père est donc jurassique... Comme le parc!". Oui, c'est naze comme jeu de mots; si l'un d'entre vous à ne serait-ce qu'esquissé un sourire, qu'il se dénonce! Bref, c'est très déconcertant de la part de son psy...
C'estLa 1ère partie de l'entretien est assez inintéressante puisqu'elle sert à remplir la petite fiche qui porte désormais mon nom. Profession de mes parents, frères et soeurs éventuels, marié? des enfants? etc... Je me suis présenté en tant que Carot, puis j'ai précisé mon prénom d'origine. "Vous êtes donc une fille de naissance!" Bah oui, ca se voit pas? Apparament non, il m'a avoué par la suite que face à mon apparence ambigue il n'était pas parvenu à déterminer si j'étais trans MTF ou FTM. Il m'a demandé si j'avais des règles, si elles étaient régulières; si j'avais de la poitrine, quelle taille... Son regard a glissé sur mon torse lorsque je lui ai annoncé mon 95C...
"- Vous avez donc tout pour être une fille! Une vraie jolie fille, avec des enfants... Vous voulez porter un enfant avant votre transition?
- Non. C'est hors de question. Je sais qu'il y en a qui le font, mais ce n'est pas envisageable pour moi. J'en veux, et ce serait bien s'ils pouvaient avoir quelque chose de moi, mais que je les porte, non, c'est pas possible..."
Suivent des questions sur ma vie sexuelle, ma "défloraison", mes activités masturbatoires... De tout notre entretien, c'est le passage où il semblait le plus interessé, celui où il m'a demandé le plus de détails... Que je me passerais de raconter ! Puis des questions transitoires, sans grand intérêt: "Qui vous coupe les cheveux?", des questions pièges avec utilisation du féminin: "Vous êtes droitière?" "Oui, mais gaucher contrarié"... Et en vrac, l'état de mes relations avec mes parents, ma situation actuelle...
"- Et vous voulez vraiment pas être une fille?
- J'ai voulu, j'ai essayé..." Suit le récit palpitant de ma parenthèse féminine, que vous connaissez déjà.
Il m'a demandé si j'avais déjà eu des opérations, des troubles mentaux, des périodes dépressives, etc... non, non et non. "du somnambulisme?" "Euh..une fois." Il était tout content, a fait un "aah!" réjouit et s'est jeté sur son stylo pour noter !
Questions pratiques: suis-je déjà hormoné? Ai-je mon ALD? ...
Il accepte de me suivre.
"Et bien mon cher Carot, à bientôt!" Rendez-vous pris pour le 9 mars.

Avant de rentrer chez moi, je suis passé voir l'expo photo de Kael qui était dans la même rue. Ma préférée? Celle qui est en format géant, près des escaliers, je suis resté scotché.
Allez-y.
Un rêve de gosse réalisé !! ^^ lol
Merci à Linoa et à Stef pour ce montage...

19.2.06

"Eric, je m'appelle Eric."


Ce week-end, j'ai été embarqué par la Route des Jeunes, association de prévention routière dont je suis adhérent, pour une action "une nuit pour la vie" à Montpellier. Le principe? On se poste à l'entrée d'une boite, entre le passage par les videurs et la caisse, et on demande aux gens s'ils sont d'accord pour laisser leurs clefs de voiture en échange d'une entrée gratuite et de 2 soft drinks, sachant qu'ils s'engagent ainsi à souffler dans l'ethylotest à la sortie...
Bref, samedi, 13h, me voilà gare de Lyon, où je dois trouver Julien. On s'est fixé un point de rencontre mais je ne le trouve pas; il m'appelle, se décrit, et je m'aperçois qu'il est à côté de moi. Lui ne s'attendait visiblement pas à ce Caroline ressemble à ce qu'il a sous les yeux... "On s'fait la bise? .. Tiens ton billet de train, les autres sont surement déjà dans le wagon. c'est un iDtgv, c'est la 1ère fois que j'en prends un...blablabla" On trouve notre voiture, forcément tout au bout du train, Julien entre alors que je reste sur le quai pour finir ma clope. Finalement je le rejoins, il est avec 4 personnes. Je salue et une des filles s'exclame: "mais je croyais qu'on attendait une fille?!"... Silence...puis "Oh la gaffe!!!! Excuse moi, merde, j'suis désolée..." Elle se fait charrier.
Arrivés à Montpellier, on dispose d'un peu de temps pour visiter les alentours; on fait un arrêt ravitaillement au McDo du coin. Aux toilettes, on m'interpelle: "Eh mec, les hommes c'est par là! Hey de ce côté!!" Je ne réponds pas et suis les filles: pour le moment je suis Caroline.
Dans la soirée, au resto. Je manipule mon portable: "C'est qui en fond d'écran?" "Ma copine" (note perso: j'te rassure Cléo, je t'ai enlevée ;o)) "Copine...Copine?" J'acquiesce. "T'es lesbienne?" "... Techniquement, parlant, oui." Suit une discussion sur l'homosexualité avec toute la tablée. Je me fais discret. "Mais tes parents, ils l'ont pris comment?" Questionnement intérieur, est-ce que ca vaut la peine de faire un coming-out trans avec des gens que je ne reverrais probablement jamais? Je réponds: " - C'est-à-dire... Ils ont surtout du mal avec le fait que je sois transsexuel."
"- Pardon?
- Tout s'explique!
- 'tain c'est délire tu va te faire poser une bite et tout?
- Ca va pas te faire bizarre d'avoir soudainement un truc entre les jambes?
- De te demander de quel coté tu va la mettre et tout?"
Les questions et exclamations partent dans tout les sens! Ils sont focalisés sur l'entre-jambes et je ne me vois pas entamer un discours "La bite ne fait pas le genre"... En revanche ils ne jugeaient pas nécessaire d'enlever les seins!, pensant qu'un peu de muscu devrait faire l'affaire pour avoir des pecs. On se lève de table, ils me souhaitent du courage et disent me trouver mûr pour mon âge.
Lors de la préparation de l'action, une fille me tend un Tshirt coupé femme quelques secondes puis "Oh excuse moi", j'ai mon Tshirt homme.

22h30. Je fais l'action avec Julien, Aurélie et Medy, un couple de gendarmes nordistes qui va se marier en août. On arrive dans la boite, le Sex Toys. Discussions et explications avec le patron et les 2 videurs. Installation. Ouverture de la boite. Toute l'action se déroule sans problème, les clubbeurs locaux sont plutôt bien informés et responsables au volant. Avec Aurélie on profite des moments de relâche pour aller danser. Puis je décide d'essayer la boite à côté; en fait c'est un complexe qui réunit 3 boites, le Pulp, le Sex Toys (500 entrées) et le Nitro (5000 entrées...). Elles sont toutes reliées, mais seuls les mecs de l'établissement et les V-VIPs peuvent passer de l'une à l'autre. Mais les videurs sont cools avec nous: ce soir, je suis un V-VIP!
J'entre donc dans le Nitro, c'est grand, c'est bondé! Je m'avance et aperçois au loin des bites qui tournoient et des seins qui tremblent ou partent dans tous les sens... En fait, les gens qui se désapent sur les podiums devant le DJ sont récompensés en bouteilles de champ'. Les exhib' sont nombreux...
"Hey t'as quel âge?" Je me retourne, un grand beau brun, la vingtaine, attend sa réponse. "18 ans!" "Naaaan... tu fais super jeune! Tu viens d'où?" "Paris" Que n'ai-je pas dit? J'avais en face de moi un marseillais! On discute un petit bout de temps. Une de ses copines s'arrête de danser pour prendre un verre, il lui glisse à l'oreille ce qu'il vient d'apprendre de moi, elle embraye la conversation.
Elle me demande: "Et au fait, tu t'appelles comment?"... "Eric, je m'appelle Eric!" "Moi c'est..." Je ne sais plus, j'ai oublié. Pas d'étonnement, ni de lueur interrogative dans ses yeux, rien, nada. C'est passé comme une lettre à la poste. Le grand brun, Brice lance: "Eric, je t'offre un verre?" Ouais, je m'appelle Eric, ca se fête, j'viens d'inaugurer mon prénom, ca mérite bien un verre pour m'en remettre ! "c'est pas de refus, vodka pomme merci!"...
C'est ce moment là que choisis Aurélie pour se jeter sur moi: "Je t'ai cherché partout!" Brice: "Touche pas à mon pote!" Je fais les présentations. Je glisse à Aurélie: "Je leur ai dit que je m'appelais Eric" "Okay. Tu sais quoi? Ca te va mieux!" J'ai un sourire jusqu'au oreilles, la musique m'emporte. Brice se penche vers Aurélie: "Il a quel âge en fait?" "18 ans" "woaw" Et il se tourne vers moi: "T'as vraiment 18 ans! Mais putain tu dois galérer, tu fais trop jeune. En plus tu mesures combien?" "1m58" "Ouais, normal, c'est quoi, 60/65 la moyenne pour les asiatiques? Et ca passe comment avec les filles?" "Je sais pas" "T'en fais pas en tout cas, complexe pas là dessus, c'est pas la peine, au contraire, fais-en ta force, ta qualité, tu sais ce qu'on dit, tout ce qui est petit est mignon, et toi t'es vraiment mignon!". Je suis mignon avec mon Tshirt Von Dutch d'Avignon, et je m'appelle Eric. "Si tu veux dans une dizaine de minutes j'peux t'avoir un rail?" Je décline la proposition, ce soir je ne suis même pas tenté, je jubile intérieurement.
Dans les toilettes, une odeur nauséabonde venant du côté des hommes me pousse à aller chez les filles; bien sûr, le coin pipi est le dernier endroit à la mode où elles se retrouvent toutes pour papoter... "Bah il est pas géné celui là!!" Bonjour les filles, moi c'est Eric et vous?? J'ai pas osé, je me suis juste excusé platement.
5h30. On a terminé, remballé. Benoit, qui dirigeait l'opération, me raccompagne à la gare. Je lutte contre le sommeil durant 2h, monte dans mon train, m'assoupit. Puis un déclic: "Merde, j'ai pas composté!!!" Je traverse les wagons à la recherche d'un contrôleur, que je finis par trouver: "Bonjour jeune homme, que puis-je pour vous?".

J'ai fait un sans faute aujourd'hui.
Cette semaine écoulée m'a rendu heureux, confiant et sûr de moi.

Mardi je vois mon nouveau psy.

18.2.06

Une parenthèse enchantée


Aujourd'hui, je suis heureux, et je pense avoir assez de bonheur en moi pour rester longtemps sans déprimer :o) Aussi longtemps que durent les roses...
Vivi, tu n'aimes pas cette fête et moi non plus, mais cette fois-ci elle n'avait rien d'artificielle, cette année c'était vraiment notre fête des amoureux, une St Valentin qui a durée une semaine !




" Mon amour s'est transformé en flamme, et cette flamme consume peu à peu ce qui est terrestre en moi." (Novalis)

9.2.06

moment de solitude...


Fait chier. Ma transition est devenue LA priorité. C'est embetant puisqu'elle ne peut avancer pour le moment.
Au départ j'étais d'accord pour que cela prenne des années. Au départ j'étais contre les underworks (les t-shirts compresseurs). Au départ je me disais que ce n'étais pas grave si l'on pouvait me prendre pour une fille dans la rue, si l'on me considérait toujours comme une fille, si l'on me parlait au féminin; je me disais que, du moment que moi je savais, le reste importait peu.
Je perds patience. J'ai jeté tous mes soutifs, ne pouvant me passer de mes underworks; je ne l'enleve même plus pour dormir lorsque je suis avec quelqu'un (il y a des exceptions mais leur nombre se réduit de jour en jour), car la libération soudaine de ma féminité, incarnée dans ces protubérances mammaires, m'est difficilement supportable, alors avec témoin... Je déprime à chaque fois que l'on me dit "mademoiselle" et je m'enerve lorsque c'est un ami qui persiste dans l'erreur.
Je sais que je suis un garçon, mais j'ai besoin d'être reconnu en tant que tel; j'ai besoin du regard des autres pour me crédibiliser, sans ça j'ai l'impression d'être fou...
Mes projets d'avenir se résument à "me construire". Je rêve de partir à l'étranger, mais cela n'est pas envisageable tant que je ne suis pas "terminé". Mes parents me proposent, enfin!, de m'envoyer quelques mois où je le souhaiterais (en espérant fort probablement que cela me fera reflechir et changer d'avis, ou du moins que cela repoussera le moment où ils devront cesser de me considérer comme leur fille), mais c'est trop tard, ou trop tôt; bref, pas le moment, je ne peux partir comme ça...
Il y a des bien des choses que je rêverais de faire, dans ma vie personnelle, relationnelle et sentimentale, et que je ne peux concevoir ainsi... Et j'ai bien peur de laisser passer des chances et que, lorsque je serais prêt, mes rêves ne deviennent que regrets...

3.2.06

Commentaire des photos

Comme on peut le voir dans les photos du post précédent, je suis allé très loin dans l'expression de ma féminité. Cette période restera une parenthèse de ma vie...
J'avais 11 ans lorsqu'on m'a pris pour un garçon, pour la dernière fois avant longtemps. Puis il y a eu la puberté, la résignation, et je suis devenu une fille. Oh pas totalement: je ne supportais pas d'autres jeans que mes baggys, jupes et robes trouvaient une place dans ma penderie mais rarement grâce à mes yeux.. Ma démarche n'avait rien de féminine, mon attitude était douteuse... Mais personne, me rencontrant, aurait pu se douter de quoique ce soit...
Durant ces années, j'ai cherché à me convaincre de ma féminité. Elle se matérialisait notamment dans le regard des mecs. J'ai pu avoir été extrême dans mes tenues vestimentaires, dans mes comportements... Il y a eu des vacances où j'ai été une allumeuse comme je les déteste. Je me suis retrouvé dans des bras masculins, parfois à la suite de déception sentimentale causé par une fille, souvent pour pouvoir me dire "je suis une fille" et y croire...
J'ai rarement refusé une aventure, chacune était un argument pour me convaincre d'avantage. Et parcequ'il ne m'appartenait pas, que je ne l'aimais pas, j'ai laissé mon corps entre de nombreuses mains... Je ne me rendais pas compte que je m'identifiais à ces garçons. Je leur fesais ce qui m'aurait plu si j'avais été à leur place, et que j'aurais eu cette fille d'un soir offerte à moi. Je m'étais résigné à être Caroline et lorsque je prenais soin de mon image, c'était, consciemment, pour ressembler à une fille que j'aimerais rencontrer. J'incarnais une sorte d'idéal féminin fait avec les moyens du bord, et les réticences de Carot.
Puisque je ne pouvais m'aimer, j'avais décidé de plaire aux autres.

2.2.06

C'était moi...

Parceque je ne renie pas la fille que j'ai essayé d'être,
Parcequ'il m'arrive déjà de l'oublier...